Encore un millésime plein d’épreuves …
La récolte 2024 est une petite récolte. Il est trop tôt pour donner des chiffres précis mais la floraison aléatoire et le mildiou ont encore réduit notre potentiel de production à peau de chagrin. Je n’oublie pas le gel, la grêle, les vers de grappe qui ont grandement participé ; et évidemment l’arrachage. Heureusement, nous allons produire des rouges souples, fruités et frais comme le souhaite le marché, d’excellents crémants et des blancs plus atypiques.
Cette récolte devait permettre de retendre les prix. Malheureusement, ils ne remontent pas assez vite et le marché reste atone sans perspective de redressement dans l’immédiat. Le contexte mondial (inflation, taux d’intérêt, hausse d’impôt, croissance en berne, protectionnisme, etc) crée un climat de défiance qui empêche toute projection, se traduisant par un attentisme sur les transactions, tant en volume qu’en valeur.
Que nous reste-il ? La solidarité ? Là encore le compte n’y est pas. Certains distributeurs continuent de proposer des prix extrêmement bas. Nos coups de gueule n’y font rien. Avec des Côtes du Rhône à 1€39 chez LIDL, la solidarité entre appellations est plus que nécessaire pour faire cesser ces prix inacceptables. Avec nos collègues du Rhône, nous harcelons notre nouveau gouvernement pour avancer sur les évolutions de la loi Egalim et sur la création d’un décret sur les OP (Organisation de Producteurs). Grâce à ces 2 dispositifs, nous pourrions enfin parler prix et mieux valoriser nos petites récoltes.
Je ne dirai pas qu’il y a urgence, c’est déjà trop tard pour bon nombre d’entre nous. Les procédures collectives se multiplient, les cessations de paiement et les liquidations explosent. S’ajoutent les ventes à la barre du tribunal à des prix indécents. Nous avons rencontré les mandataires et les parties prenantes du tribunal pour que ces ventes respectent nos déclarations et nos contrôles qualités.
Enfin, je tenais à vous rappeler les nombreux dispositifs d’aide aux viticulteurs fragilisés. Il existe des solutions de sauvegarde à mettre en place pour vous aider à passer la crise et des dispositifs d’aide psychologique. Il ne faut ni rester seul ni s’imaginer que c’est de votre faute. N’allons pas chercher des coupables inutilement, personne ne pouvait anticiper un tel cumul de facteurs dans un temps si court : l’essoufflement de notre modèle vrac, les accidents climatiques, la crise économique, le procès du vin et le détournement des consommateurs.
En attendant des jours meilleurs pour lesquels votre Syndicat se bat tous les jours, restons solidaires, unis et combatifs pour sauver notre métier et notre art de vivre.
Croyons en Bordeaux.
Votre Président,
Stéphane Gabard
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