Grêle, mépris et colère
Ces derniers jours, de violents orages de grêle ont encore frappé plusieurs secteurs viticoles de la Gironde. Des hectares touchés, des mois de travail réduits à néant en quelques minutes. À tous les vignerons durement éprouvés, je souhaite exprimer ici, en mon nom et au nom du Syndicat, notre soutien. Dans un contexte de crise viticole majeure, ces aléas climatiques récurrents deviennent insupportables, épuisants. Nous adressons à chacun d’entre vous des vœux de courage, de force et de ténacité pour continuer ce métier exigeant, parfois ingrat, mais essentiel.
Au désespoir des vignes meurtries s’ajoute un autre choc : celui du mépris.
La presse vient de révéler qu’Aldi proposera, de nouveau, des bouteilles de Bordeaux et de Côtes-du-Rhône à moins de 2 euros, lors de sa prochaine foire aux vins. Comme d’autres enseignes malheureusement … Et comme si cela ne suffisait pas, un représentant de cette enseigne a osé affirmer qu’à ce prix-là, toute la chaîne de valeur, y compris le viticulteur, serait correctement rémunérée.
C’est une insulte. Une absurdité. Un mensonge.
Erreur de langage ? C’est ce qu’Aldi essaye maintenant de nous faire croire, mais cela montre à quel point notre système est à bout de souffle.
Déjà, dans un précédent édito, j’avais alerté sur ces pratiques de braderie destructrices. Aujourd’hui, cela devient criminel : quand on justifie l’injustifiable, quand on habille la casse sociale d’un discours marketing, on franchit une ligne rouge.
Heureusement, la réponse ne s’est pas fait attendre : le CIVB (courrier) et InterRhône ont réagi fermement. La FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et des viticulteurs en colère ont manifesté devant les magasins. Et ils ont raison. Nous avons raison.
Nous demandons avec plus de force que jamais que tous les acteurs de la filière (viticulteurs, négociants, distributeurs, l’État et les pouvoirs publics) et actent des décisions. Car sans un cadre légal et des règles équitables, sans une volonté politique forte, cette filière est condamnée.
Il est temps d’en finir avec la logique du « toujours moins cher ».
Il est temps que le travail, le savoir-faire, la qualité soient respectés à leur juste valeur.
Il est temps que les viticulteurs arrêtent de perdre de l’argent chaque matin en allant travailler.
Alors oui, aujourd’hui, je signe un édito revendicatif, syndicaliste, militant, parce que je refuse de rester silencieux pendant que nos collègues tombent, pendant que notre modèle s’effondre.
Continuons de nous battre, ensemble. Pour nos vignes. Pour notre avenir. Pour la dignité.
Croyons en Bordeaux.

Votre Président,
Stéphane Gabard
|