« Ne laissons pas mourir la viticulture dans l’indifférence »
Dans nos vignes, dans nos fermes, nous crevons. Et tout le monde semble s’en accommoder.
Les viticulteurs s’épuisent, s’endettent, sombrent. Leurs produits ne se vendent plus, ou à des prix qui ne couvrent même plus les coûts de production.
Nos métiers ne permettent plus de vivre, juste de survivre. Quand ce n’est pas pire.
Pendant ce temps, les charges explosent : l’inflation, les prix de l’énergie, les normes toujours plus nombreuses, les accidents climatiques… Et malgré cela, les prix de nos vins en vrac s’effondrent. Où passe la valeur ? Certainement pas dans nos poches.
Les consommateurs, eux, continuent de payer plus cher en rayon et nous continuons de vendre à perte. Cherchez l’erreur.
On nous parle d’environnement, de durabilité, de responsabilité sociétale, soit, mais à quoi bon tous ces mots si ceux qui respectent les règles sont condamnés à crever en silence ? On ne peut pas à la fois exiger l’excellence et nous condamner à la ruine.
Assez du constat. Tout le monde connaît la réalité. Tout le monde la voit. Et pourtant, rien ne bouge, ou si peu. Il faut que ça change. Et vite.
Aujourd’hui, certains politiques commencent à comprendre qu’en laissant l’agriculture s’effondrer, c’est la souveraineté alimentaire du pays qui est sacrifiée. Qu’à force de préférer l’importation, on perd le contrôle de notre alimentation.
Alors oui, des projets émergent :
– Une proposition de loi (la PPL Duplomb) pour desserrer l’étau normatif
– L’évolution de la loi Egalim, pour que les contrats amont (contrats vrac) tiennent compte de nos coûts réels de production
– La création d’Organisations de Producteurs pour massifier l’offre et peser dans les discussions commerciales
Et à l’échelle européenne ?
– Des textes sur la durabilité (210 bis), sur les signes de qualité (172 ter) pour pouvoir contourner certaines règles de la concurrence
– Une possible prolongation des autorisations de plantation, pour gérer plus intelligemment notre potentiel viticole
– Et d’autres mesures de second plan sont aussi à venir dans le « paquet vin »
Mais pour l’instant, tout cela se résume à des paroles et des promesses, alors que nous attendons des actes. Je vous le dis clairement : nous ne pouvons pas continuer comme ça.
Il faut que ceux qui sont à la table des négociations, politiques, administration, grande distribution, négoce, syndicats prennent leurs responsabilités. Il faut du courage. Il faut du volontarisme. Il faut des décisions fortes, MAINTENANT.
Et que chacun le sache : si rien ne change, ce ne sera pas faute d’avoir alerté, proposé, tendu la main. Ceux qui refuseront d’agir devront alors assumer leurs choix, leur silence, leur immobilisme.
Nous continuerons à porter haut notre voix, dans toutes les instances, à tous les niveaux, avec détermination et unité. Non pas par posture, mais parce que c’est notre devoir en tant qu’ Organisme de Défense et de Gestion (ODG) pour la survie de notre métier, de notre territoire.
Croyons en Bordeaux.

Votre Président,
Stéphane Gabard
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