Cher(e) Collègue,
Hier, 19 juillet, notre ministre de l’Agriculture a fait une visite dans notre vignoble pour venir évaluer les dégâts du mildiou. Sa venue faisait suite à son interpellation par nos représentants viticoles, nos parlementaires et sénateurs locaux.
L’importance des dégâts causés par ce champignon dépasse le périmètre des exploitations, pour s’étendre à l’ensemble du département (90% touchés) et plus largement à tout le Sud-Ouest. Cette très forte propagation de mildiou est lié à un excès inédit d’humidité (la pluviométrie du mois de juin dépasse les 100 mm) et n’est pas imputable à la compétence du vigneron. Nous avons donc demandé au ministre que cette maladie soit indemnisable au titre des calamités agricoles et, pour les cas les plus graves, que la solidarité nationale prenne le pas (comme cela a été prévu dans le nouveau dispositif d’assurance récolte récemment mis en place). Nous l’avons également interpellé sur l’impasse de la moyenne olympique lors d’une succession d’aléas climatiques (la base assurable est trop faible).
Un bilan sur la pré-candidature à l’arrachage sanitaire a été partagé : + de 1 000 dossiers ont été déposés (soit 20% des exploitations viticoles de la Gironde) pour 9 300 hectares de vigne. Le besoin d’arrachage est confirmé, l’enveloppe prévue pour 2 campagnes devrait être consommée dans sa quasi-totalité dès la première année.
Nous avons également interpellé le ministre sur le sujet de l’accroissement des friches (vignes non cultivées). Leur proximité a créé des ravages sur des vignes saines. Nous lui avons demandé un véritable engagement de l’Etat sur ce sujet pour les éradiquer.
Une piqûre de rappel lui a été faite sur la nécessité qu’il défendre la ré-homologation des matières actives qui arrive en fin de vie (conventionnel et bio), pour ne pas laisser les viticulteurs dans des impasses techniques.
Enfin, nous l’avons alerté sur la distillation : 2,3 millions d’hectolitres ont été engagés en AOC à l’échelle nationale, pour une enveloppe initiale de 1,3 millions. Ce dépassement a pour conséquence une importante réfaction (voir article ci-dessous) et va laisser des trésoreries exsangues.
Le temps fort de cette rencontre avec le ministre a été le témoignage de plusieurs collègues viticulteurs. Ils ont parlé de leur situation, leur détresse et difficultés économiques. En effet, comment garder la foi dans ce métier que nous pratiquons, tous les jours, avec beaucoup de dévouement, de courage et qui ne nous permet plus d’en vivre. Nous redoublons tous d’efforts pour des résultats très faibles. Le cumul des accidents climatiques, des tensions économiques et des difficultés sociales nous questionnent sur la pérennité de notre profession.
A ce stade, le ministre n’a fait aucune annonce, mais se dit prêt à étudier nos demandes (chiffres à l’appui) afin d’entamer les démarches nécessaires, notamment auprès des assureurs et de l’Europe.
Restons solidaires et travaillons ensemble pour que Bordeaux sorte de la crise. Croyons en Bordeaux !
Votre Président,
Stéphane GABARD
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